En tant qu’étudiante en Architecture, j’ai souhaité orienter mon projet de fin d’études sur le thème du logement et de l’habitat à Antananarivo, capitale malgache. Je suis donc partie, au début du mois d’octobre 2006 avec 2 objectifs. Il s’agissait, d’une part, de comprendre le contexte urbain de la ville et de cerner les enjeux qui s’y articulent, principalement dans le domaine de l’habitat, et d’autre part, d’identifier des sites potentiels où localiser mon projet d’intervention.
Les premiers mois du séjour m’ont permis de prendre connaissance des acteurs en place, notamment au niveau des collectivités locales et des ONG oeuvrant dans le développement urbain, ainsi que des projets et initiatives déployés.
La principale question qui se pose aujourd’hui est celle de l’extension spatiale de l’agglomération d’Antananarivo, aujourd’hui constituée par la Commune Urbaine d’Antananarivo (CUA) et d’une trentaine de Communes périphériques. Après plusieurs décennies de développement incontrôlé, les autorités ont récemment engagé des réflexions sur les stratégies à mettre en œuvre pour encadrer la croissance de la ville et orienter l’urbanisation de façon cohérente.
Comment orienter l’urbanisation dans le sens d’un rééquilibrage entre le centre et la périphérie, entre grands axes de circulation et intérieur des quartiers ? Comment combler le retard accumulé dans l’aménagement urbain et qui se manifeste notamment par l’insuffisance et la vétusté des infrastructures et équipements, la déficience des systèmes d’assainissement et de gestion des déchets ? Les orientations adoptées par les autorités face à ces problématiques sont résumées à travers le PUDi, Plan d’Urbanisme Directeur de 2004, amené à être complété par des réflexions en cours pour élaborer des PUDé, Plan d’Urbanisme de Détails correspondant à l’échelle des quartiers.
Concernant le logement, la capitale se caractérise par une faible offre qui n’arrive pas à combler la croissance de sa population. Après une production massive de logements destinés aux fonctionnaires et aux ménages de la classe moyenne dans les années 1960-70, l’Etat va laisser l’essentiel des initiatives au secteur privé. Dans un contexte de pénurie généralisée de logements, les constructions privées se sont multipliées de manière incontrôlée. De nombreux habitants, dont une majorité de migrants, se sont installés spontanément sur des terrains vacants, dans les interstices ou sur les zones inondables du sud-ouest de la ville ; les plus démunis vivent dans des constructions souvent précaires (constituées de matériaux de récupération ou de brique), exiguës, présentant un confort sommaire et inondées en saison de pluies. Ces constructions sont, par ailleurs, souvent « illicites » : elles ont été érigées sans permis de construire sur des terrains n’appartenant pas à ses occupants ou sur des terrains leur appartenant mais non régularisés auprès du service des cadastres : faute de régularisation de leur titres de propriété, de nombreux habitants sont en situation foncière précaire ; cependant, les autorités foncières, par manque de moyens et d’effectifs, rencontrent des difficultés à effectuer ces régularisations et à mettre à jour le cadastre, le but, à terme, étant de mettre en place un PLOF, Plan Local d’Occupation Foncière, par Commune.
Pour aider les populations démunies à accéder à un logement décent, des ONG et associations entreprennent des actions très diverses allant de la réinsertion de ces populations en zone rurale ou en périphérie de la ville, à la réhabilitation / extension de leur logement actuel ou à la construction de logements neufs sur des terrains appartenants aux bénéficiaires. D’autres activités ont pour objectifs d’améliorer l’habitat et l’environnement proche du logement : aménagement d’équipements de proximité (bornes fontaines, lavoirs, douches et WC publics), mise en place d’un système de collecte des déchets et de latrines, réhabilitations de ruelles avec la participation des habitants, etc
Après avoir appréhendé les principaux enjeux, projets et acteurs au sein de la ville, j’ai décidé de centrer mes réflexions sur Anosibe, quartier populaire du sud-ouest de la ville qui concentre un grand nombre des « maux urbains » cités précédemment. Le quartier a fait l’objet de plusieurs projets ces dernières années et a été préconisé « zone à restructurer » par le PUDi : le reste de mon séjour a été consacré à la collecte de données sur le quartier afin de réfléchir aux modalités possibles de cette restructuration.