Arrivé dans la région de Keti Bandar, on franchit une frontière, au-delà de laquelle il n’existe aucune terre agricole. La mer a envahi un sol trop plat qui ne permet plus à l’eau de se retirer. Les eaux salines ont dévoré les terres fertiles, ont entraîné la disparition de la couverture végétale, ont ruiné la production alimentaire et ont semé une sécheresse persistante. Il ne reste plus rien pour empêcher l’irrésistible avancée du désert.
Nous sommes en période de mousson. Quelques nuages passagers découvrent rapidement un soleil de midi. Comme si dans ces lieux déserts, le soleil pointe toujours midi. Sur le chemin, on traverse les vestiges d’un canal devant servir à contenir et à évacuer l’eau des pluies. De la pluie, il n’y en a plus depuis longtemps. Le canal est rempli de l’eau de la mer.
Comme un cimetière, les fondations d’une usine de transformation de riz. Jadis, bien avant l’arrivée des Anglais, le riz était une culture d’exportation et l’une des principales activités du port de Keti Bandar. La fermeture de l’usine est survenue au lendemain de l’Indépendance. Déjà les premiers barrages avaient affecté la région. Ce n’était qu’un avertissement pour les prochains développements.